samedi 23 mai 2015

Voyage à cheval


Il est fort probable que nous n’ayons pas accès à internet dans les prochaines semaines… quel dommage direz-vous, au moment même où l’on aurait pu partager le vif de l’action, les moments de galères et les surprises croustillantes! Oui… mais quel bonheur justement de se perdre, sans connexion dans les campagnes du western Wyoming.

Nous partons demain, 7h du mat, et encore tant de choses à faire… La pharmacie des chevaux  est encore à constituer, nos sacs persos à boucler, et on pense aux courses de dernière minute :  par exemple il nous manque des clou pour referrer si on perd un fer à cheval. Avant le départ il faudrait encore une fois graisser les cuirs, bricoler deux crochets en plus sur la selle qui servira à porter le bât pour simplifier la manip’ de mettre et enlever le pack.

Mais bien sûr il reste tout l’annexe : partager les photos qu’on a prises pendant notre séjour ici avec Ginger,  lancer une dernière machine à laver, passer un petit moment d’adieux plein d’émotion avec tous les chevaux qui restent ici.

Et encore plus annexe il faut qu’on achète des billets retour pour fin Août, qu’on demande nos muts pour la rentrée 2015, qu’on déclare nos impôts… cette vie là.

Mais important aussi, j’aimerai écrire un blog qui répond à ces questions reçues en e-mails persos. En grandes lignes « comment prévoit-on ce voyage à cheval ? »

Déjà, soyons honnêtes, il y a une grande part d’inconnue. C’est une première pour nous, et malgré tous les bons conseils qu’on a pu glaner à droite à gauche auprès des cow-boys qui disent avoir fait ça toute leur vie, il reste des questions sans réponses claires.

Ce qui est sûr c’est que nous partons avec trois mustangs que l’on vient de débourrer. Noël, la jument pie gris-truité sera le principal cheval de Romane, le véto l’a classée « mustang » parce qu’ici tout ce qui n’est pas racé est mustang, mais elle a clairement du sang « paint horse ». Flow sera notre cheval de bât, et Shadow sera principalement ma monture. Elles se ressemblent beaucoup, et comme elles avaient toutes les deux entre 3 et 5 ans, nous les pensions sœurs… quand le vétérinaire a estimé Flow à 5 ans et Shadow à 12, la possibilité qu’elles soient mère et fille est apparue. Ce qui est sûr c’est qu’elles viennent du même troupeau, peut être le ‘sulphur heard’. Elles ont toutes les deux une raie de mulet, ligne noire le long de la colonne, des zébrures sur les membres, elles sont petites avec des sabots très durs. Elles ont une crinière très fournie et de grands yeux noirs qu’on dirait maquillés. Et bien sûr elles sont couleur sable… la sélection naturelle a fait son travail. Pour lire un article intéressant sur leurs origines, l’histoire du mustang américain, l’article de Wikipédia ‘Mustang (cheval)’ est très bien.

Ces trois juments ont le pied sûr, Noël est maintenant calme en toutes circonstances (évidemment je ne sais pas ce qui se passera lorsque nous croiserons le premier ours) mais question voitures, et autres bizarreries qui bougent et font du bruit elle ne fuit pas en panique comme Flow aimerait le faire. Shadow est aussi sur une bonne voie, elle se calme de jour en jour.

Nous avons choisi de les monter en selle western, d’une part le pommeau se révèle très pratique pour tenir Flow à la longe, mais également car tous les sacs de selle que nous avions ici sont réglés pour ces selles, qui ont des crochets très pratiques à l’avant et à l’arrière. Nous avons trouvé trois selles suffisamment légères pour nous plaire. Le standard d’une selle western et 2 à 3 fois plus lourd qu’une selle anglaise, sur un quater horse de 600 Kg la différence est négligeable, mais pas sur nos petites mustangs ! Le bât qu’un ami nous prête (il aurait bien voulu nous prêter la mule avec !) se pose sur une selle western, il est  très pratique et permet normalement de changer en milieu de journée le cheval monté et le cheval de bât sans enlever de selle. Tout l’équipement du campement, l’équipement pour les chevaux, la nourriture sera rangé dans le bât. Dans nos sacs de selle iront seulement le pique-nique du midi, de l’eau pour nous, nos vestes de pluie, les longes, l’appareil photo…

Nous ne transportons presque aucune nourriture pour les chevaux, ni eau évidemment. Ce qui veut dire qu’il faudra leur laisser assez de temps chaque jour pour brouter. Nous ne sommes pas complètement au top sur ce point : autant que possible nous installeront une hight-line, attachées ainsi les juments pourront brouter toute la nuit. Mais s’il n’y a pas d’arbres nous sommes toujours face à un doute : non entrainées, elles pourraient se blesser très sérieusement si on les attache simplement à une longue corde qui court au sol. Sauf que les ‘entrainements’ qu’on a pu faire jusqu’à maintenant se sont révélés très violents : Shadow est partie au grand galop droit devant elle à sa première prise de longe… elle s’est donc violemment étalée au sol de tout son long quand elle est arrivée en bout de corde, heureusement elle avait des bandes de protection aux jambes, mais dès qu’elle s’est relevée elle est partie dans l’autre sens… cette fois le mousqueton s’est cassé.  Noël aussi a cassé sa corde, même si elle est globalement restée plus calme, la phase « d’entrainement » ne nous plait pas du tout. On se pose alors la question de changer de méthode et de les entraver : leur attacher les antérieurs ensemble, pour qu’elles ne puissent pas partir loin, mais là encore on s’y connait peu en manière d’entrainement d’un cheval à l’entrave, et un cheval entravé ne peut pas se coucher, ce qui lui offre peut de confort. Nous partons donc avec des cordes et des entraves, et on verra ce qu’on fait. Quoi qu’il en soit pour le début du voyage, si nous devons utiliser une de ces deux méthodes, les juments seront attachées pendant la nuit, on ne peut pas les laisser entravées ni attachées à une longue corde sans les surveiller.
Système Hight-line.

Evidemment depuis que nous savons avec quels chevaux nous partons, nous les avons beaucoup laissés ensemble, les juments sont devenues très proches et très vite nous pourrons en laisser une en liberté sans craindre qu’elle s’enfuie. Nous avons malgré tout pris quelques précautions : chacune a sa clochette ; c’est plus facile quand on cherche son cheval échappé au petit matin, ou qu’on doit retrouver sa monture partie au grand galop parce qu’on a lâché les rennes en tombant…

Et au cas où, sur chaque cheval on compte aussi accrocher un petit papier avec notre numéro de téléphone… il y a des endroits de notre parcours prévisionnel où on capte !

Notre itinéraire est simple, un point de départ (Heber city, Utah) un point d’arrivée (Ten Sleep, Wyoming) l’envie de passer par Yellowstone… et toutes les cartes au 1/ 100 000 entre ces points. A priori pas de problème pour trouver de l’eau étant donné que la neige commence à fondre, mais nous avons malgré tout choisi de suivre les fonds de vallée, et donc les cours d’eau. Ce choix nous permet en outre d’éviter l’altitude, nous ne devrions pas dépasser les 2000m … ni descendre beaucoup en dessous d’ailleurs donc il est probable que nos mustangs retrouvent leur poil d’hiver d’ici peu !

En équipement pour nous nous n’avons rien rajouté. Nous étions déjà équipés lors du vélo, et les nombreux magasins spécialisés en matos de cow-boy n’offrent rien qui ne nous plaise vraiment : les manteaux cirés très stylés n’ont pas de capuche par exemple… un cow-boy porte un chapeau !

Nous partons donc demain, on profite ce soir de notre dernier repas au chaud, demain matin on aura les derniers encouragements de tous ceux qui vont assister à notre départ de Cedar City … Pour la suite, nous avons un téléphone et au maximum nous enverrons des photos à Ginger qui les postera sur la page Facebook du Dust Devil Ranch. Elle nous a fait promettre « au moins une photo par jour » nous verrons ce qui est possible !

Ce départ du Ranch est la fin d’une super période de notre voyage pendant laquelle nous avons découvert Las Vegas 3 jours, les parcs naturels Bryce Canyon et Zion, nous avons vécu beaucoup d’expériences grâce à tous ces ‘gens de chevaux ‘ heureux de partager. Que ce soit en nous emmenant sur des ventes aux enchères de chevaux, sur leur randonnée préférée, ou en nous faisant visiter leur « home-museum » merci à eux pour ces expériences.

Nous partons du ranch avec chacun un bracelet en crin des chevaux que nous avons débourrés, encore un cadeau de départ touchant… je crains que demain matin il n’y ait des larmes lors du départ.

Des bises de A&R, on poste des nouvelles au plus vite…

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