Il est fort
probable que nous n’ayons pas accès à internet dans les prochaines semaines…
quel dommage direz-vous, au moment même où l’on aurait pu partager le vif de l’action,
les moments de galères et les surprises croustillantes! Oui… mais quel bonheur
justement de se perdre, sans connexion dans les campagnes du western
Wyoming.
Nous partons
demain, 7h du mat, et encore tant de choses à faire… La pharmacie des
chevaux est encore à constituer, nos sacs persos à boucler, et on pense
aux courses de dernière minute : par exemple il nous manque des clou
pour referrer si on perd un fer à cheval. Avant le départ il faudrait encore
une fois graisser les cuirs, bricoler deux crochets en plus sur la selle qui
servira à porter le bât pour simplifier la manip’ de mettre et enlever le pack.
Mais bien sûr il
reste tout l’annexe : partager les photos qu’on a prises pendant notre
séjour ici avec Ginger, lancer une
dernière machine à laver, passer un petit moment d’adieux plein d’émotion avec
tous les chevaux qui restent ici.
Et encore plus
annexe il faut qu’on achète des billets retour pour fin Août, qu’on demande nos
muts pour la rentrée 2015, qu’on déclare nos impôts… cette vie là.
Mais important
aussi, j’aimerai écrire un blog qui répond à ces questions reçues en e-mails
persos. En grandes lignes « comment prévoit-on ce voyage à
cheval ? »
Déjà, soyons
honnêtes, il y a une grande part d’inconnue. C’est une première pour nous, et
malgré tous les bons conseils qu’on a pu glaner à droite à gauche auprès des
cow-boys qui disent avoir fait ça toute leur vie, il reste des questions sans
réponses claires.
Ce qui est sûr
c’est que nous partons avec trois mustangs que l’on vient de débourrer. Noël,
la jument pie gris-truité sera le principal cheval de Romane, le véto l’a
classée « mustang » parce qu’ici tout ce qui n’est pas racé est mustang,
mais elle a clairement du sang « paint horse ». Flow sera notre
cheval de bât, et Shadow sera principalement ma monture. Elles se ressemblent
beaucoup, et comme elles avaient toutes les deux entre 3 et 5 ans, nous les
pensions sœurs… quand le vétérinaire a estimé Flow à 5 ans et Shadow à 12, la
possibilité qu’elles soient mère et fille est apparue. Ce qui est sûr c’est
qu’elles viennent du même troupeau, peut être le ‘sulphur heard’. Elles ont
toutes les deux une raie de mulet, ligne noire le long de la colonne, des
zébrures sur les membres, elles sont petites avec des sabots très durs. Elles
ont une crinière très fournie et de grands yeux noirs qu’on dirait maquillés.
Et bien sûr elles sont couleur sable… la sélection naturelle a fait son
travail. Pour lire un article intéressant sur leurs origines, l’histoire du
mustang américain, l’article de Wikipédia ‘Mustang (cheval)’ est très bien.
Ces trois juments
ont le pied sûr, Noël est maintenant calme en toutes circonstances (évidemment
je ne sais pas ce qui se passera lorsque nous croiserons le premier ours) mais
question voitures, et autres bizarreries qui bougent et font du bruit elle ne fuit
pas en panique comme Flow aimerait le faire. Shadow est aussi sur une bonne
voie, elle se calme de jour en jour.
Nous avons choisi de les monter en selle western, d’une part le pommeau se
révèle très pratique pour tenir Flow à la longe, mais également car tous les
sacs de selle que nous avions ici sont réglés pour ces selles, qui ont des
crochets très pratiques à l’avant et à l’arrière. Nous avons trouvé trois
selles suffisamment légères pour nous plaire. Le standard d’une selle western
et 2 à 3 fois plus lourd qu’une selle anglaise, sur un quater horse de 600 Kg
la différence est négligeable, mais pas sur nos petites mustangs ! Le bât
qu’un ami nous prête (il aurait bien voulu nous prêter la mule avec !) se
pose sur une selle western, il est très
pratique et permet normalement de changer en milieu de journée le cheval
monté et le cheval de bât sans enlever de selle. Tout l’équipement du
campement, l’équipement pour les chevaux, la nourriture sera rangé dans le bât.
Dans nos sacs de selle iront seulement le pique-nique du midi, de l’eau pour
nous, nos vestes de pluie, les longes, l’appareil photo…
Nous ne transportons presque aucune nourriture pour les chevaux, ni eau
évidemment. Ce qui veut dire qu’il faudra leur laisser assez de temps chaque
jour pour brouter. Nous ne sommes pas complètement au top sur ce point :
autant que possible nous installeront une hight-line, attachées ainsi les
juments pourront brouter toute la nuit. Mais s’il n’y a pas d’arbres nous
sommes toujours face à un doute : non entrainées, elles pourraient se
blesser très sérieusement si on les attache simplement à une longue corde qui
court au sol. Sauf que les ‘entrainements’ qu’on a pu faire jusqu’à maintenant
se sont révélés très violents : Shadow est partie au grand galop droit devant
elle à sa première prise de longe… elle s’est donc violemment étalée au sol de
tout son long quand elle est arrivée en bout de corde, heureusement elle avait
des bandes de protection aux jambes, mais dès qu’elle s’est relevée elle est
partie dans l’autre sens… cette fois le mousqueton s’est cassé. Noël aussi a cassé sa corde, même si elle est
globalement restée plus calme, la phase « d’entrainement » ne nous
plait pas du tout. On se pose alors la question de changer de méthode et de les
entraver : leur attacher les antérieurs ensemble, pour qu’elles ne puissent
pas partir loin, mais là encore on s’y connait peu en manière d’entrainement d’un
cheval à l’entrave, et un cheval entravé ne peut pas se coucher, ce qui lui
offre peut de confort. Nous partons donc avec des cordes et des entraves, et on
verra ce qu’on fait. Quoi qu’il en soit pour le début du voyage, si nous devons
utiliser une de ces deux méthodes, les juments seront attachées pendant la
nuit, on ne peut pas les laisser entravées ni attachées à une longue corde sans
les surveiller.
Système Hight-line. |
Evidemment depuis que nous savons avec quels chevaux nous partons, nous les
avons beaucoup laissés ensemble, les juments sont devenues très proches et très
vite nous pourrons en laisser une en liberté sans craindre qu’elle s’enfuie.
Nous avons malgré tout pris quelques précautions : chacune a sa clochette ;
c’est plus facile quand on cherche son cheval échappé au petit matin, ou qu’on
doit retrouver sa monture partie au grand galop parce qu’on a lâché les rennes
en tombant…
Et au cas où, sur chaque cheval on compte aussi accrocher un petit papier
avec notre numéro de téléphone… il y a des endroits de notre parcours
prévisionnel où on capte !
Notre itinéraire est simple, un point de départ (Heber city, Utah) un point
d’arrivée (Ten Sleep, Wyoming) l’envie de passer par Yellowstone… et toutes les
cartes au 1/ 100 000 entre ces points. A priori pas de problème pour
trouver de l’eau étant donné que la neige commence à fondre, mais nous avons
malgré tout choisi de suivre les fonds de vallée, et donc les cours d’eau. Ce
choix nous permet en outre d’éviter l’altitude, nous ne devrions pas dépasser
les 2000m … ni descendre beaucoup en dessous d’ailleurs donc il est probable
que nos mustangs retrouvent leur poil d’hiver d’ici peu !
En équipement pour nous nous n’avons rien rajouté. Nous étions déjà équipés
lors du vélo, et les nombreux magasins spécialisés en matos de cow-boy n’offrent
rien qui ne nous plaise vraiment : les manteaux cirés très stylés n’ont
pas de capuche par exemple… un cow-boy porte un chapeau !
Nous partons donc demain, on profite ce soir de notre dernier repas au
chaud, demain matin on aura les derniers encouragements de tous ceux qui vont
assister à notre départ de Cedar City … Pour la suite, nous avons un téléphone
et au maximum nous enverrons des photos à Ginger qui les postera sur la page
Facebook du Dust Devil Ranch. Elle nous a fait promettre « au moins une
photo par jour » nous verrons ce qui est possible !
Ce départ du Ranch est la fin d’une super période de notre voyage pendant laquelle
nous avons découvert Las Vegas 3 jours, les parcs naturels Bryce Canyon et
Zion, nous avons vécu beaucoup d’expériences grâce à tous ces ‘gens de chevaux ‘
heureux de partager. Que ce soit en nous emmenant sur des ventes aux enchères
de chevaux, sur leur randonnée préférée, ou en nous faisant visiter leur « home-museum »
merci à eux pour ces expériences.
Nous partons du ranch avec chacun un bracelet en crin des chevaux que nous
avons débourrés, encore un cadeau de départ touchant… je crains que demain
matin il n’y ait des larmes lors du départ.
Des bises de A&R, on poste des nouvelles au plus vite…
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