vendredi 31 juillet 2015

la courtoisie américaine


Nous venons de passer 5 jours autour du lac Flathead, le plus grand lac à l'ouest du Mississippi. Un bleu turquoise entouré de montagne et collines, plongeant à plus de 100 m de fond suite à la dernière ère glaciaire.
Mais ce qui nous a le plus marqué là-bas, ce sont les rencontres... Un concentré en quelques jours.

Tout d'abord, quelques heures après notre dernier blog, nous sommes allés frapper à une porte pour avoir un coin de champ où planter notre tente. Pas de difficulté, Érik et Cherry nous ont accueillis bien volontiers, nous ont invités à prendre une douche, un repas chez eux, une bonne soirée ensemble et un café le lendemain. Merci à eux pour leur accueil !

Et puis nous sommes arrivés à Bigfork au bord du lac. Nous avons vu des canoës dans le jardin de ce qui s'est avéré être un centre aéré, et la responsable nous en a prêté un (avec pagaies et gilets de sauvetage) pour les 4 jours suivants. Aloïs a dû insister un peu pour proposer une animation cirque en échange, ce qu'il a fait jeudi, au grand plaisir des enfants de 7 à 10 ans qu'il avait ! On a pâti d'un fort vent de face, d'un ciel nuageux et de températures plutôt fraîches pendant 2 jours,mais on a vraiment bien profité des bords d'eau et d'une activité autre que le cyclisme !

Tous les bords du lacs sont des propriétés privées, avec plages, pontons et pelouses. Le 1er soir de notre aventure-pagaie, il a bien fallu s'arrêter quelque part et aller frapper à une porte. Une fois notre tente plantée dans le jardin, Leslie et Jim nous ont invités à partager un succulent repas, après une bonne douche chaude et une machine à laver pour notre linge. Très optimistes le lendemain matin, avec toujours ce vent fort de face, Leslie nous a donnés une pompe pour écoper... Merci à eux pour leur gentillesse et leur partage !

Dans la matinée Aloïs a cassé sa pagaie (quelle brute). Nouvel arrêt, nouvelles personnes. Merci pour leur confiance, et pour la pagaie qu'ils nous ont prêtés pour 3 jours, et qu'on leur a ramenée en vélo !

Hier nous avons rendu le canoë et la pagaie, avons repris les vélos et sommes repartis. Nous pensions pouvoir planter notre tente discrètement, à la nuit, près d'une mise à l'eau, seul lieu public rencontré. Mais c'était sans compter sur Don, qui nous a plutôt invités dans son jardin. Un coucher de soleil, un apéro, un dîner, une douche et une partie de fléchettes plus tard, c'est finalement dans sa chambre d'amis que nous avons dormis. Et pourtant notre tente était déjà montée... Merci pour sa camaraderie !

Et puis Don nous a fait rencontrer son ami Brad, qui tient un petit camping dans la même rue. Forcément ça les faisait rire, qu'on dorme gratuitement chez l'un au lieu de faire tourner le commerce de l'autre ! En tout cas Brad a beaucoup aimé notre histoire et nos vélos, tellement qu'il nous les a achetés ! Oui oui, on reparoptimiste Alors merci Brad, pour ce nouveau départ !

Et Don avait aussi invité Tim, qui prenait le soleil sur la même plage que nous. Comme Tim faisait aujourd'hui la route vers Missoula, et que nous n'avons plus de vélos à trimballer, il nous a déposé il y a un instant aux portes de la ville. Merci Tim pour ce bout de chemin !

C'est comme ça que nous nous retrouvons à Missoula, sans vélo,mais avec tellement de rencontres qui font chaud au coeur !

Des bises de R&A





dimanche 26 juillet 2015

Glaciers en flammes


Nous venons de fêter nos 1000 miles en vélo!!


Et cette petite célébration s'est faite au Canada, qui nous a accueilli pour deux jours, le temps de quelques rencontres, d'un renouvellement de notre visa américain et de quelques bornes en système métrique. L'improbable système des USA, nous fait convertir très souvent, par exemple: 1000 miles correspondent à 1600 Km!

Le parc naturel Glaciers est sur la frontière entre le Canada et les USA, nous venons d'y passer 4 jours improbables. Au moment de notre arrivée, un incendie s'est déclaré dans la vallée voisine. Le vent et l'air sec s'ajoutent aux conditions qui favorisent déjà l'expansion de l'incendie: plus de 80 % des arbres de la vallée sont morts, a cause d'un parasite qui sévit depuis une dizaine d'années. Il faudrait 15 jours de froid pour venir à bout de cet insecte, donc tout le monde espère ces 15 jours à -40*C...

La vallée brûle toujours donc, 2000 hectares déjà, autour de deux villages évacués et beaucoup de chemins de randonnée ont noirci, donc c'est le fouillis, tous les randonneurs font du stop pour aller chercher leur voiture... (Que certains ont d'ailleurs laissé dans la vallée inaccessible!)
 Nous avons rencontré un français dont les deux prochain bivouacs sont dans les flammes par exemple. Avec quelques modifications d'itinéraires, nous avons quand même fait plusieurs randos à la journée dans le parc. La grande découverte au milieux de paysages somptueux, c'était encore un fois la vie sauvage, élans, chèvres des montagnes, ours...

Quelques photos pour partager tout ça, et à bientôt! À moins d'un mois du retour en France on perçoit maintenant la fin du voyage comme toute proche: on n'envoie même plus de cartes postales ! La liste des projets est pourtant encore longue, on prévoit quelques jours en canoë dans le lac Flathead, beaucoup de monde à revoir sur ce qui est notre ' route de retour'... Quelques chevaux qu'on aimerait vraiment bien monter encore une fois, un colis d'affaires à récupérer... Notre dernier mois sur le continent s'emballe, et ça nous plaît!!

Des bises de A&R







H




dimanche 19 juillet 2015

Madison valley

Quelle belle personnalité, cette Ann !

Ann nous a trouvés sur le bord du chemin hier matin. Nous nous étions arrêtés dans un ranch qui élève des chevaux de race Rocky Mountains, chevaux que nous trouvons très jolis pour leur robe si particulière : chocolat pommelé crins lavés.

Nous étions en train de parler génétique, homozygote et phénotype, avec les gérants du ranch, quand Ann s'est arrêtée pour voir ce qui se passait chez ses voisins. Quand elle a vu nos vélos et leurs sacs, et surtout quand elle a appris qu'on avait dormi la nuit précédente dans la grange d'un autre ranch en amont, elle nous a immédiatement proposé une douche et une chambre pour la nuit. Et une virée au rodéo du soir. Et elle a refusé tout refus sous prétexte que c'était son anniversaire...

Finalement hier matin elle a insisté pour nous garder une journée de plus, ce qui nous a permis d'aller tous ensemble visiter la grotte de Lewis et Clark. Ils étaient 2 explorateurs du début du XIXe siècle, remontant les rivières du Mississippi puis Missouri vers ces régions montagneuses. Magnifique grotte et formations calcaires ! Le soir on a retrouvé les éleveurs de Mountain horses, Dollie et Rick, pour un barbecue-salade-chamallows tous ensemble, et on a passé une excellente soirée. On espère bien que tout ce petit monde pourra un jour nous rendre visite en France...

Ce matin nous finissons notre petit d'en dans cette belle vallée de Madison, au coeur du Montana, avant d'aller voir le début du Missouri. Je ne sais pas comment le dire autrement puisqu'il ne s'agit pas d'une source, mais du confluent de 3 rivières. Puis cap au Nord, Ann nous emmène jusqu'à Great Falls ce matin ! Elle est géniale, Ann!

Des biz de R&A










mardi 14 juillet 2015

Nouvelles de l'Ouest

Je m'occupe tranquillement, au frais, d'écrire ce blog pendant qu'Aloïs s'occupe de travailler 2 pouliches d'un an de Lynette. Lynette, c'est la femme qui gère le ranch familial de Broken Back. Elle a 50 ans, travaille dur à son élevage de chevaux Quarter Horses et ses 200 vaches.

Nous sommes arrivés dimanche soir dernier, avec nos vélos, lors d'un bel épisode caniculaire (40*C à 8h du soir !) qui a achevé de nous convaincre de vendre nos bien-aimés deux-roues. Depuis, on a poussé des vaches pour la transhumance vers la montagne (15 cavaliers de type cow-boys, 200 vaches et autant de veaux, 7 taureaux, une cinquantaine de veaux d'un an... Ça en faisait du monde !), puis on a répété l'opération avec les 20 juments poulinières et leurs jolis petits montés sur des échasses. Aloïs a paré (coupé les sabots) de plusieurs poulains et chevaux, on a entraîné les jeunes d'un an à se laisser mettre un licol sans passer par le lasso, et on a sorti plusieurs chevaux qui n'avaient pas vu de selle depuis plusieurs mois. Enfin, au Far West, quand un cheval est débourré, il n'ose plus bouger une oreille pour le reste de sa vie, travaillé récemment ou pas.

Et puis nous sommes allés passer le week end là-haut dans la montagne... Nous avons pris 2 chevaux, des pommes de terre et du papier aluminium, et les clés de la cabane de chasse. Après 4h de rando qui nous ont fait traverser des canyons verdoyants entourés de collines quasi désertiques, des collines boisées bordées de falaises, nous sommes finalement arrivés à cette cabane toute en troncs, plantée au milieu d'une prairie où l'herbe arrivait aux épaules des chevaux, un petit ruisseau coulant en contrebas.

Nous avons passé là-haut 2 nuits plutôt fraiches et très étoilées, calmes. Nous en avons profité aussi pour réparer quelques clôtures dans les pâturages du haut, et à cette occasion nous sommes tombés sur une petite famille de daims, une femelle et ses 2 faons tout mignons.
Nous sommes redescendus hier. Quelle différence de température entre la vallée et cette pâture d'altitude !

On savait que les Quarter Hordes étaient globalement plutôt tranquilles... N'empêche que je suis vraiment pas tombée sur le cheval le plus rapide de l'ouest ! Qu'est-ce qu'il fallait pousser pour avancer ! Et une chose est sûre : je n'aurai Jamais de selle western ! Un arçon en bois avec une couche de cuir par-dessus, au bout de quelques heures on envisage sérieusement la monte à cru !

Aujourd'hui on aide encore un peu avec les pouliches. Ce soir on ira monter une petite heure quand il fera plus frais. Et puis nous préparons notre départ pour demain matin 6h. La belle-soeur de Lynette nous emmènera jusqu'à Billings dans le Montana, à 3h de route d'ici.

Nous prévoyons de passer 2 jours là-bas, puis 2 jours à Great Falls, avant d'aller directement au Canada. Nous irons dans la partie canadienne puis américaine de Glaciers National Park, et surtout nous aurons un nouveau tampon dans notre passeport nous permettant de ne pas être "illégaux". On redescendra ensuite vers le Sud en passant par l'ouest du Montana, pour rester dans les montagne plutôt que dans les grandes plaines de l'Est.

Nous espérons que la sécheresse et la chaleur en France ne sont pas trop insupportables. On pense à vous là-bas.

Des biz de R&A




















Etant dans une region ou le cheval est pour beaucoup de ranchers un animal de travail,  je suis fier de partager un lien vers le voyage de ma frangine Oceane :

  http://www.acticity.com/mes-infos/bouge-oceane-voyage-lassociation-zellidja-en-bosnie/#comment-55136

J'espere que ton voyage va bien se passer!!
Biz' de A&R

vendredi 3 juillet 2015

Yellowstone ou la Nature Sauvage


"Wilderness". Le concept de  nature sauvage à l'Américaine est comme tout ce qui nous entoure ici... Un sujet qui donne a réflexion.

Nous venons de vivre des journées inoubliables, à surprendre des bisons et des wapitis et à se faire surprendre par des élans et des ours dans le parc naturel de Yellowstone où nous sommes restés 6 jours. Avant cela nous avons passé 3 jours non moins mémorables dans le parc naturel Grand Téton, entres les sources d'eau chaudes et les glaciers.

La géologie incroyable de la region a favorisé la création du parc, la fragilité des geysers notamment a éveillé il y a un peu plus d'un siècle les bonnes volontés écolo. Yellowstone serait même premier parc naturel créé au monde. Le glacier de Téton est bien sûr en train de fondre, et les Aigles à tête blanche continuent de manger des poissons empoisonnés aux pesticides. Mais l'espace dans lequel nous avons vécu 9 jours, dans une échelle moins globale est géré selon un projet qui souhaite'créer un équilibre', une "wilderness," une "nature sauvage".

Les anecdotes évoquées plus haut sont vraies, nous avons vu des centaines d'animaux, certainement 5 fois plus nous ont vus. Un matin pendant un petit déjeuner un élan, femelle, est venue nous rendre visite, elle s'est immobilisée -tout comme nous jusqu'au mouvement fait en direction de l'appareil photo. Elle s'est alors enfuie dans le lit de la rivière en lançant des gerber d'eau a plusieurs mètres de haut. Un autre soir un  gros ours noir, qui ne nous avait pas vu s'est mit à traverser la rivière vers nous. Deux renards curieux de notre tente plantée dans leur clairière ont aussi fait trois tours en jetant des coups d'œil.

Au maximum nous avons respecté les pratiques de sécurité, en rando nous avons une cloche accrochée au sac a dos pour ne pas surprendre un ours ou un élan dans un virage du sentier de randonnée, et notre nourriture passe la nuit suspendue à un arbre ou dans une caisse en fer pour ne pas habituer les animaux sauvages à manger les réserves des humains. Car cette conservation d'une Nature Sauvage attire des milliers de touristes dans le parc, une cohabitation pas toujours évidente.

Pourtant le concept qui me pose vraiment question est né lors que j'attendais avec un petit groupe de "wolf wachers" et leurs télescopes la venue d'un loup...
Le loup a été réintroduit dans le parc en 1995. Ce prédateur naturel et le seul prédateur des wapitis, bisons et autres grands animaux. Les carcasses qu'il laisse nourrissent ensuite coyotes, ours, oiseaux... Il limite la surpopulation de ces grands herbivores qui pourraient eux détruire des espèces végétales. Le choix du parc a été de réintroduire le loup. Il y en a maintenant quelques centaines, qui sont protégés tant qu'ils restent dans le parc -et deviennent trophées de chasse dans le cas contraire.

Évidemment tous les éleveurs autour sont opposés au loup, ils demandent au gouvernement s'ils ré-introduiraient le dinosaure s'ils le pouvaient...
Dans ce cas de " rétablissement" d'un équilibre, le parc est intervenu pour réintroduire le loup. Mais le plus possible ils souhaitent laisser " mère nature agir" pour reprendre les mots du ranger-garde forestier à qui on a signalé un bison qui avait été blessé par une voiture... Tout comme ils laissent un bison qui ne peut plus se relever, ils laissent les feux de forêt !
Le parc dénonce même la " lutte militaire" des pompiers ! Qui tentent d'éteindre les feux de forêts au plus vite... Et mettent en avant les avantages d'un feu qui ouvre la canopée, brûle les arbres morts, etc...  Encore une fois, quelle est notre place dans cette nature sauvage? 

Voici quelques données sur le parc Yellowstone, nous n'étions donc vraiment pas au zoo, les animaux que nous avons pu prendre en photo sont sensés mener une vie sauvage ! Et de ce fait quel plaisir de les voir ou les apercevoir !

Des bises de A&R